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Journaliste ou pas
19 mai 2009

UNE HISTOIRE DU ROCK ET DU CINEMA

phantom_of_the_paradise


Du 2 au 30 juin, la Cinémathèque de Toulouse propose un cycle Rock et cinéma. L’occasion de se pencher sur cette aberration de la nature que sont les rockeurs cinéphiles.

 

Croisement dangereusement instable (et souvent non désiré) entre le sale gosse mal élevé et la tête de bois à jamais insatisfaite, le rockeur peut se révéler être un cinéphile tout aussi imbuvable et exigeant. Les deux espèces se confondent d’ailleurs souvent, formant une redoutable engeance prête à vous pourrir l’existence aussi efficacement que le feraient des ivrognes irlandais un soir de rugby. La Cinémathèque redoutait « une programmation piège » avec son cycle Rock et ciné. Sûr que le bébé aurait rapidement pu virer kamikaze explosif. Le premier réflexe du rockeur cinéphile sera d’examiner, l’œil féroce, l’ensemble de la programmation. Des tics agiteront son visage et des grognements menaçants s’échapperont de sa gorge alors qu’il pestera contre les films manquants, ceux qu’il aurait lui-même placé dans une interminable et incohérente playlist. Sans doute sera-t-il incapable de remarquer que la Cinémathèque de Toulouse a fait l’effort de construire sa tournée.

 

Never mind the bollock’s

« Une histoire du rock et du cinéma », divisée en trois chapitres. La chronologie y a son importance, tout autant que l’ordre des chansons dans un disque. 1ere époque : les débuts, lorsque le rock est cette matière nouvelle, incompréhensible et indécente. Une chose d’acquise, déjà, les gamins adorent. Autant dire qu’il y a du fric à se faire, et certains producteurs ne tardent pas à renifler le potentiel des rockstars (soit les Jailhouse rock et autres D’où viens-tu Johnny, pas toujours de bonne mémoire). Puis déboulent les cinéastes chez qui le rock se déverse directement dans les veines. Le cinéma rentre dans le vif du sujet, avec une urgence jubilatoire et insolente (Last waltz, Phantom of the Paradise – accessoirement le film rock ultime –, The Wall des Pink Floyd, Ziggy Stardust, One + One, Les idoles…). Dernière étape, de nos jours, alors que le rock est devenu ce classique qui n’effraie plus personne. L’euphorie des premiers temps retombe, comme au lendemain d’une fête qui a mal tournée (Last Days, de Gus Van Sant). Restent les cendres d’un passé brûlant (le biopic Walk the Line, 24 hour Party People, la bio éclatée de Dylan dans I’m not there), souvenirs ahuris de vieux sénile ayant brûlé ses ailes et ses neurones sur les sommets de l’ère électrique… sans regrets.

 

Lazy

Le rockeur, s’il est en plus cinéphile, prend alors conscience d’avoir incarné, quelques brefs instants, un aboutissement de l’humanité. Le branleur ultime et souverain. Peut-être en tire-t-il une certaine fierté. Mais il est tout aussi probable qu’il n’en ait absolument rien à foutre. Born to loose, comme le dit le film de Lech Kowalsky. Tel le Winslow Leach de Phantom of the Paradise, le rockeur cinéphile est une promesse non tenue, un génie broyé, son potentiel (quel qu’il fut) à jamais coincé dans l’ombre d’une salle de cinéma, ou perdu dans la masse grouillante d’une fosse un soir de concert. Condamné à rester un spectateur impuissant et flemmard… Et bien qu’il prétendra tout le contraire, il n’en est peut-être que plus indispensable à l’équilibre de l’univers.

 

Babayéyé

 

 

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