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Journaliste ou pas
25 décembre 2008

JINGLE BELLS

« Z’avez vraiment rien d’autre à faire la nuit de Noël, les garçons ?" Ça, c’est Juliette, son ventre à l’air, ses seins difficilement retenus par un bout de tissu tout fin et son pantalon moulant sans culotte, qui nous apporte nos verres avec cette impression de nous voir traîner un peu trop souvent par ici. Et, sans se démonter, Raoul réplique : « C’est pas comme si on payait pas pour te voir, pas vrai ? » Juliette, elle entortille un doigt dans mes cheveux et colle sa poitrine contre mon torse. « A vos âges, vous trouvez rien de mieux que de vous coltiner des nanas comme nous. ‘devriez plutôt être avec vos familles, y’a pas un réveillon quelque part ? » « Faut croire que non. » je dis avant de lui embrasser les lèvres, qu’elle a toutes tartinées d’un infect rouge à lèvres couleur saumon. Ce soir, Cécile va monter sur scène, et j’ai réellement envie de la voir. Une danse, un strip, un frotti-frotta avec quelques clients et après, ce sera direct dans sa loge. Elle ne peut pas me refuser ça. Pas ce soir. Ce soir, j’ai besoin de la sentir près de moi, caresser sa peau aux relents de parfum bon marché, et tirer mon coup fin bourré. Ce soir, c’est Noël et j’ai droit moi aussi à un peu de magie. Raoul, il comprend très bien cet état d’esprit, c’est pour ça qu’il a accepté de m’accompagner. Il prend Juliette par le bras et, visage contre visage, renifle son haleine chaude de whisky, lui glisse quelques mots au creux de l’oreille et je ne peux rien entendre à cause de la musique aussi je me contente d’écluser ma bière. Posté à l’entrée du bar pour bien surveiller toute la salle, Vincent me fait un clin d’œil fatigué et je le salue comme il convient de saluer un videur lorsque l’on est un client régulier. Le bouge se veut branché, mais il pue la cigarette refroidie, l’alcool renversé collé aux tables, la sueur, le sperme, la mouille et quantité d’autres sécrétions impossibles à identifier. Bienvenue dans l’Antre de la Viande, de minuit à l’aube, tapage de queues en frénésie et promotion spéciale Mère Noël sur le suçage de gland. Ce soir, il y a moins d’habitués que lors d’un jour normal, et les visages, qui tentent de se dissimuler derrière la pénombre d’une table, cachent leurs regards, honteux de ne pas être, comme tout le monde, auprès de leur famille ou peut-être, dans leur cas, au chevet d’une mère envahissante qui refuse toujours de mourir. Mais dès que Cécile entrera en scène, cette culpabilité toute chrétienne laissera place à un féroce appétit de chair. Ici, il s’agit de la forme d’amour la plus animale que vous puissiez croiser dans votre vie. Ici, il ne s’agit pas réellement d’amour. Juste de se taper dans la viande. En ce qui nous concerne, c’est soit ça, soit choper quelques étudiants en vadrouille sur qui cogner et je préfère somme toute les bras de Cécile aux poings mous d’une lavette ramollie par son premier joint. Ici au moins personne ne vous donne de leçon de morale et, si quelqu’un tente de le faire, vous ne serez pas obligé de l’écouter. Il y aura de fortes chances pour que cette personne parle avant tout à elle-même. Et comme tout le monde est vraiment au bout du rouleau, alors tout le monde vous écoutera déblatérer votre version de la condition humaine dans un silence pieux. Et puis, matez-moi un peu toutes ces nanas qui se trémoussent les doudounes à l’air… Je viens juste pour baiser. C’est tout ce que je veux. Après ça, rien ne sera réglé, mais tout ira mieux. Je veux juste revoir Cécile. Si ce n’est pas de l’amour, alors qu’est-ce que c’est ? > Babastring
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